Hysteric automatic

décembre 1, 2009

Est-il plus belle chose que de vivre une vie d’immense courage et de laisser derrière soi les fleurs éternelles des victoires remportées ? Certains ont des projets similaires. On entend des rythmes, des battements, on lit des fragments, des répétitions, on voit bien qu’il s’agit de poésie, de danse, de combat, et que ceux qui font ça, y croient. Certains hurlent, d’autres chuchotent, on distingue souvent les mots « réalité », « corps », mais personne n’est capable d’exprimer ce qui le pousse à répéter les mêmes phrases, à reproduire les mêmes gestes, jusqu’à l’écoeurement. Il nous est impossible de démêler cette pelote de cheveux, de salive, de tissu, de fouets, de cables, d’ondes, de lanières de papier. Il nous est impossible de restituer les choses, comme les paroles, à leurs propriétaires légitimes, puisque personne ne s’est encore montré suffisamment misérable pour revendiquer la première place, l’espace d’une tête d’épingle, mais piqué dans la vie elle-même… D’où vient que, devant un tel lieu, apparaît toujours une silhouette de la taille d’un enfant, revêtue d’une tunique rose pâle et de chaussures blanches, reflet grossier d’une pureté que nous ne pourrons jamais nous empêcher de haïr?

Ni fiction, ni réel

décembre 1, 2009

Il n’y a ni fiction, ni réel, seulement parler au lieu de se taire, selon la loi du moindre effort.

Certains pensent que la difficulté de la tâche qu’ils accomplissent en garantit la légitimité. J’ai, quant à moi, appris à voler au-dessus de mon corps, sans me soucier de la valeur des choses que les autres ne savent pas faire. Je me suis exercé dans le plus grand secret, avec acharnement, durant de longs mois, enfermé dans le placard de ma chambre, mangeant et dormant à peine, ne buvant qu’un peu d’eau salée, respirant au bord des poumons, jusqu’à ce que je me soulève en plantant mes ongles dans ma nuque. J’appartenais donc à la famille des jeunes princes, car l’isolement convoque tout un peuple de présences invisibles, que l’impossible arrache vivants au monde.

Autour s’élève une structure qui marque la limite entre dehors et dedans. Les arêtes métalliques de cette construction sont télescopiques, des tiges de segments creux, reliés les uns aux autres par une substance grasse, dont la progression impérieuse, scintillante, est si rudimentaire qu’elle suffit à produire l’espace et le temps, sauf dans les angles qui semblent sur le point de se disloquer, emballés de toile isolante jaune, comme sur les scènes de crime.

>°;;~ Là où elle se tient, se trouve un étranglement. ~;;°<

Pic et pic et colegram

décembre 1, 2009

Qui se prévaudra d’une quelconque autorité et s’avancera pour prendre la parole, qui prétendra imposer sa loi ou agir au nom de l’idéal, qui se voudra donneur de leçons, détenteur du savoir, montreur de merveilles, me trouvera en travers de sa route, porté par les réquisitions secrètes de ceux qu’une injustice insurmontable, qu’une naissance disgraciée, qu’un manque d’amour, de talent ou de forces, réduisent au silence. Parler est une tâche sacrée que l’écriture couronne. Devoir, peur, famine, peu importe la raison qui pousse une créature à mordre. L’écriture pourchasse les méchants, et les frappe avec une égale violence, combattant le mal intérieur et extérieur qui les corrompt de vouloir, comme de faire régner, l’ordre. On ne devient pas écrivain, on naît affublé d’une corne à la place du cerveau pour éventrer les gens.

Hysteric automatic

décembre 1, 2009

Est-il plus belle chose que de vivre une vie d’immense courage et de laisser derrière soi les fleurs éternelles des victoires remportées ? Certains ont des projets similaires. On entend des rythmes, des battements, on lit des fragments, des répétitions, on voit bien qu’il s’agit de poésie, de danse, de combat, et que ceux qui font ça, y croient. Certains hurlent, d’autres chuchotent, on distingue souvent les mots « réalité », « corps », mais personne n’est capable d’exprimer ce qui le pousse à répéter les mêmes phrases, à reproduire les mêmes gestes, jusqu’à l’écoeurement. Il nous est impossible de démêler cette pelote de cheveux, de salive, de tissu, de fouets, de cables, d’ondes, de lanières de papier. Il nous est impossible de restituer les choses, comme les paroles, à leurs propriétaires légitimes, puisque personne ne s’est encore montré suffisamment misérable pour revendiquer la première place, l’espace d’une tête d’épingle, mais piqué dans la vie elle-même… D’où vient que, devant un tel lieu, apparaît toujours une silhouette de la taille d’un enfant, revêtue d’une tunique rose pâle et de chaussures blanches, reflet grossier d’une pureté que nous ne pourrons jamais nous empêcher de haïr?

pour Thierry Laus

décembre 1, 2009

Une même goutte d’eau tombe, tombe, tombe, tombe, tombe. Sans pour autant s’expliquer, ça pourrait commencer par une naissance, ou alors par la description qui montre le cul osseux du vieux et ses testicules de taureau au bord du lac, dans la chambre d’hôtel sans rideau, durant le voyage de noces, le vieux dont l’odeur de savon Gitane Espagnola poivre le sperme que la fille avale. Ce serait le premier soir. Devant la maison blanche, les roseaux seraient immobiles au bord du ponton, on entendrait les grenouilles et la voix lointaine du père de la fille, réplique du vieux qui la baise en ce moment, déverser en allemand des ordures au fond de sa tête, sa petite tête congestionnée aux longs cheveux noirs, puis il y aurait la suite, dans la tempête délabrée qui déclenche la nuit sur les lacs d’altitude, à chaque coup, la nuit plus rouge, les feuilles pourries, aspirées par l’embrasure jusqu’à la roselière, et là, quelques vêtements d’homme, une chemise, un pantalon, des chaussettes, un slip, impeccablement pliés sur la chaise, tandis que le corps gonflé de la fille cogne, déborde, tandis qu’elle cherche à tourner, à se mettre hors de portée, sur un profil dépourvu d’orifices, et, qu’en crevant, elle laisse sous elle des traînées.

 

 

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