A la question « où vas-tu ? », il répondait invariablement « à l’explosif ! », indifférent au terrain, au climat, à la distance, enseveli dans une trajectoire tendue, dépourvue de direction, de perspective, suspendue entre brun et jaune, dans l’alignement approximatif de chablons et de balises, s’avisant de l’urgence d’incendier maintenant, avant qu’il ne soit trop tard, ce qui n’en finissait pas de s’accumuler, faute de mieux, faute de s’ouvrir pour déshabiller l’époque. Il sentit un cœur battre sous la housse, une tiédeur liquide, longtemps couvée, maintenant expirée, divisée par trois coutures, gant sur l’asphalte, se détacher par lamelles, dessinant de petites terrasses, d’un vert tendre de rizière. La promenade mystérieuse s’achevait ici, au pied de ce muret, sur une impression de déjà-vu, et dans un silence absolu, jusqu’à l’embouchure.
(texte anonyme, Musée de la guerre, Hô-Chi-Minh-Ville)
clinamen suite
décembre 1, 2009
Mais il faudra bien trouver la force, pour se donner une chance de faire cesser l’hécatombe, pour rompre enfin le cours naturel des choses, il faudra bien renoncer à ce que nous avons de plus cher pour espérer l’emporter sur la meute des milliards d’années, pour renverser la mort.
_xXx_ alors que tu pourrais écrire, tu retiens, jusqu’à ce que la pression extrême perfore le langage et passe dehors // quitte à ne subir que des échecs // l’échec est préférable à la consolation de prétendre _xXx_
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http://remue.net/spip.php?article2999
à plat, entre deux grilles
décembre 1, 2009
On se rend difficilement compte de l’épaisseur des cloisons, trop sales, mais on oublie vite cette question une fois que la lumière faiblit, et, avec elle, l’envie de savoir si on se trouve dans une prison ou un abri. Ce qui était vide et inanimé se remplit. Puis le noir se fait, tandis que s’impose l’évidence d’une mission.
Testament numérique
décembre 1, 2009
Le propre d’un testament est de n’être motivé par aucune cause fausse, illicite ou immorale, et de n’exprimer que les vues du testataire, à un moment donné, sans prétendre à une quelconque vérité d’ordre général. Mais il est aussi le lieu d’un rite commun où chacun, qu’il soit ou non écrivain, éprouve le besoin de traduire l’inquiétude que lui inspire soudain son corps – souvent suite à un accident, à une maladie, au décès d’un proche – et d’apaiser cette inquiétude en déposant ses possessions, mais surtout sa vie, en tant que somme, dans le langage. Faire don de sa vie au langage qui est la forme aboutie de la volonté.
[…]
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Nous ne serons jamais pardonnés
décembre 1, 2009
29.01.09. parmi les signes d’un monde toujours malade des mêmes démons, la réintégration de l’évêque négationniste Richard Williamson par le pape Benoit XVI // et la nausée devant l’absence de condamnation ferme des Etats (on se souvient, par contraste, de la levée de boucliers ayant suivi l’élection en Autriche du sinistre Haider), des médias, dans un climat général d’indifférence, ou, au mieux, de décente indignation // comme si pareil acte ne concernait que la communauté juive, ou, au mieux, le cercle élargi de ceux qui se sentent aujourd’hui meurtis dans leur foi, voire dans leur « humanité » // comme si nous étions collectivement affranchis de tout rapport tant avec l’abjection, qu’avec ceux que nous pouvons, à nouveau, désigner comme juifs // un problème qui ne nous concernerait pas vraiment, en somme… // mais cette mise à l’écart du scandale souligne l’ampleur de notre lâcheté, de notre mauvaise conscience, de notre antisémitisme plus ou moins larvés // pardon, pardon pour nous, pardon pour moi
et que nous soyons quelques uns, ou nombreux, à nous indigner, voire que Mgr. Richard Williamson se trouve finalement sanctionné d’une manière ou d’une autre, ne change pas grand’chose à l’affaire: le Pape, originaire de Münich, élu par un collège représentatif de notre temps, agit en toute connaissance de cause





