coelacanthe
décembre 6, 2009
Il existe un moyen de traverser. Bien sûr. Mais on ne compte pas les refoulés à la frontière. Que ce soit d’un côté ou de l’autre, personne ne compte les morts. Ceux qui s’élancent sont poussés par la nécessité, tandis que ceux qui les défendent obéissent à des lois dont la violence et le degré d’arbitraire s’ajustent à la détermination et au nombre des assaillants. Les choses n’existent que d’avoir été traversées. L’étendue, un agencement de verrous : à hauteur de satellite, ce sont des bordures nettes séparant les mers des continents ou se faisant écho par-dessus un vide, comme les masses accidentés des reliefs terrestres équilibrent les dorsales sous-marines aux formes pachydermiques, poids et contrepoids dont on perçoit les sutures plus fines à mesure qu’on s’approche, les boucles des fleuves dont les pointes s’évasent en deltas, raturant l’homogénéité compacte du sol, à mesure que la plongée se fait perforation, fixant comme l’ambre ce qui se passe à l’intérieur des gens, un même enchevêtrement de retenues et de relaxes, de cuticules composant une étendue d’accumulations plus ou moins denses, plus ou moins différenciées. Le tout ramassé dans l’effort de dire. C’est ainsi que m’est apparu ce texte la première fois que je l’ai lu. Un tableau composite aux structures à demi-citadines, à demi villageoises, combinant de grands angles nets et des courbes à dimension d’amphithéâtres, aux cylindres moussus de toutes sections, aux espaces floutés de ruelles goudronnées, débouchant sur des sentiers, tout cela s’annulant lorsqu’on regarde vraiment ce qu’on a sous les yeux, lorsqu’on le traverse, c’est-à-dire lorsqu’on écrit «immensité sans repères qui refuse notre présence et qui repousse le langage».
fossile toujours au présent de l’indicatif, puisqu’il signifie littéralement « qui est fouillé »
Des fossiles qui s’incrustent joliment dans notre présent.