coupures

septembre 1, 2010

image©Esther Ferrer

Tu vois, je m’en doutais, je m’en veux de ne pas avoir cherché à comprendre, longtemps je me suis dit à quoi bon faire semblant de savoir ce qui se passe dans sa tête, sa tête c’est trop dire, je n’en vois pas le début d’un quart d’une, je ne vois que son cul rose de claque capote, froissé de biftons, comment tu voudrais que je prenne ça au sérieux, tu rigoles ou quoi, avec ta gueule de ne pas y toucher d’ange qui a encore du lait derrière les oreilles, mon fils se tape des vieilles et puis quoi, que veux-tu que j’ajoute, ou alors que je chiale, ou plutôt, non, que je m’allonge, là, parmi les viandes, que je sorte mon porte-fric, tu prends combien, qu’on te ramone la goule et que tu brailles dans le caméscope, on mettrait ça sur internet, ben ouais, tu braillerais et on se ferait des couilles en or avec toi pâmé dans ce plumard d’autruches, et puis quoi, on repartirait ensuite chacun de son côté, on se sentirait mieux, c’est ça mon lapin ? Me fais pas rigoler.

Demander pardon à ceux qui ne nous l’accorderont pas. De supplique en supplique, muer. S’assécher comme la chenille avant d’exploser, révélant l’intérieur aux couleurs criardes. Se dissoudre comme une goutte d’encre dans un verre d’eau, muer, s’assécher, exploser, se dissoudre en conservant un cœur coupable roulant d’une vie dans l’autre jusqu’au bas de l’escalier.

Combien de canettes vas-tu t’envoyer pour trouver le courage de sortir ? Tu es là, dans ta piaule, tu dis piaule, non pas chambre, fait chier, merde, pute, parce que personne ne t’entend, tu n’es qu’un connard obéissant à l’impulsion de coller à ton temps, tu ne fais plus l’effort de penser, tu y vas franco, c’est ça l’excuse, ne pas se faire chier avec les formes, tu déballes la carcasse que chacun a dans la tête, chacun devenu le cauchemar de Goya, et plus tard dans la rue celui qui te regardera mal, tu lui pèteras la gueule, et puis quoi, la zone, la bagnole, tu tires la bourre le long des glissières, hypnotisé par le scintillement des images successives de la mort, dévoré par le désir de penser, mais te rabattant chaque fois dans un réflexe de peur.

La noirceur hétéroclite devient belle quand elle trouve le courage de se montrer. Le corps et l’esprit se rassemblant, perforant une coque indéfinissable, s’élançant à l’assaut de ce qu’on voudra.

Pour autant qu’on admette la domination du réel sur l’intelligence. Aucune pensée ne suspend le cours des choses, aucune douleur. La solitude est une vision de l’esprit. L’accompli repose sur l’unité. Soi n’existe pas dans cette immensité.

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